Home » Tensions ferroviaires : CN et Teamsters au bord du blocage logistique majeur

Tensions ferroviaires : CN et Teamsters au bord du blocage logistique majeur

by Victor Lafarge

Le Canadien National (CN) a intensifié la pression sur le Teamsters Canada Rail Conference (TCRC) pour résoudre un conflit de travail en cours qui pourrait avoir des répercussions majeures sur les chaînes d’approvisionnement en Amérique du Nord.

Offre d’arbitrage obligatoire

Pour tenter de régler ce conflit, l’exploitant ferroviaire a proposé d’entrer en arbitrage obligatoire avec le syndicat. Cette offre est intervenue après que le TCRC a rejeté toutes les propositions du CN et quitté l’arbitrage volontaire. Les discussions avec un arbitre indépendant ont repris le 17 mai, et les négociations avec la Canadian Pacific Kansas City Railway (CPKC) ont également été relancées le même jour.

Le 16 mai, soit la veille, le CN avait révisé son offre aux Teamsters, principalement en retirant des propositions d’horaires et de tarifs horaires. Cette offre a également été rejetée par le syndicat, ce qui a conduit à la proposition d’arbitrage obligatoire.

Avis de grève et autorisation

Les membres du syndicat travaillant pour le CPKC et le CN ont autorisé une action de grève le 1er mai, impliquant un total combiné de 9 300 employés des chemins de fer. Une grève toucherait de manière significative les taux de camionnage au Canada, Mark McKendry, vice-président principal de l’intermodal chez NFI Industries, ayant déclaré en mai que la capacité de transport routier au Canada ne pourrait absorber le volume de fret actuellement déplacé par le rail.

Propositions de négociations échelonnées

Le TCRC a proposé le 7 juin d’échelonner les négociations afin d’éviter des arrêts de travail simultanés, mais cette proposition a été rejetée. Paul Boucher, président de TCRC, a exprimé sa déception, indiquant que « le refus de CN et CPKC montre à quel point ils se soucient peu de l’économie et des chaînes d’approvisionnement, et leur manque de volonté de négocier de manière constructive. »

Intervention fédérale et décision de la CIRB

L’action industrielle, initialement prévue pour commencer le 22 mai, a été retardée lorsque le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a référé les différends au Conseil canadien des relations industrielles (CIRB) le 9 mai. Le CIRB doit déterminer si la circulation du propane sur le réseau CPKC et les expéditions de carburant lourd, de propane, de nourriture et de matériaux de traitement de l’eau sur le réseau CN doivent être maintenues.

Une grève ne peut donc commencer avant que le CIRB ne rende sa décision, laquelle n’est pas attendue avant la mi-juillet ou la fin juillet, après que l’agence a prolongé le délai de soumission des conférences de gestion des cas jusqu’au 14 juin.

Malgré la référence au CIRB, la CPKC a maintenu son offre d’arbitrage obligatoire afin d’éviter un arrêt de travail, déclarant le 9 mai : « Notre offre permanente aux dirigeants de TCRC est que nous acceptions tous deux de résoudre ce conflit de travail par arbitrage obligatoire pour éviter un arrêt de travail qui serait préjudiciable à tous les intervenants. »

Préparations et impacts potentiels

En attendant, les transporteurs et les expéditeurs continuent de se préparer à un éventuel arrêt de travail. En mai, Scott Shannon, vice-président du transport terrestre nord-américain chez C.H. Robinson Worldwide, a déclaré : « Pour l’instant, nos clients recherchent principalement des options de transport routier. Nous aidons les expéditeurs à élaborer des plans alternatifs dès maintenant, car un train de marchandises typique transporte l’équivalent de 300 chargements de camions, et les camions se rempliront rapidement. »

Les constructeurs automobiles et les expéditeurs de marchandises réfrigérées devraient être parmi les plus touchés en cas de grève touchant les deux réseaux ferroviaires.

Environ 70% du fret circulant entre les zones métropolitaines canadiennes et la moitié du volume des exportations du pays sont transportés par train. Une grève paralysant les réseaux du CN et du CPKC pourrait donc avoir des répercussions considérables sur les chaînes d’approvisionnement et l’économie canadienne, et plus largement, sur l’économie nord-américaine.

Related Posts