L’inflation semble se calmer dans la plupart des régions développées du monde, mais un secteur continue de voir une flambée de prix : le coût du fret maritime. Les taux au comptant pour les conteneurs de taille standard à destination des États-Unis et de l’Europe depuis l’Asie ont encore augmenté selon les données récentes. Les trois principales routes commerciales ont toutes dépassé les 6 000 dollars pour un équivalent de 40 pieds, d’après l’indice Drewry World Container publié le 13 juin. Ces taux ont triplé depuis la fin de 2023, bien que le rythme des augmentations se modère.
Problèmes de capacité et congestion portuaire
Près de six mois d’attaques régulières sur les navires dans la mer Rouge ont étiré la capacité d’une industrie qui est responsable de la circulation d’environ 80 % de tous les échanges de biens internationaux. Ces perturbations ont conduit à des goulets d’étranglement dans certains des plus grands ports asiatiques. Actuellement, le port maritime de Singapour, l’un des carrefours les plus vitaux pour le fret maritime, connaît une période prolongée de congestion. Le temps d’attente pour un espace d’amarrage y approche les cinq jours, selon les estimations de l’industrie, et varie de un à quatre jours dans les ports chinois de Ningbo, Shanghai et Qingdao.
En plus de cette capacité limitée, la demande de biens reste solide, surtout aux États-Unis. Les importations au port de Los Angeles, le port le plus fréquenté des États-Unis, ont dépassé leur pic pré-pandémique pendant les cinq premiers mois de 2024, malgré une légère baisse en mai.
Les augmentations de tarifs par route
Selon Drewry, le coût de transport d’un conteneur de 40 pieds pour déplacer des marchandises de Shanghai à Los Angeles a augmenté de 0,8 % la semaine dernière pour atteindre 6 025 dollars. Cela marque la sixième semaine consécutive de hausse des tarifs. Le tarif pour Shanghai à Rotterdam a augmenté de 2,4 % pour atteindre 6 177 dollars, le niveau le plus élevé depuis septembre 2022.
De Shanghai à Gênes, en Italie, dans la mer Méditerranée — parmi les routes les plus touchées par l’évitement par l’industrie du transport maritime de la mer Rouge — le taux a augmenté de 3 % pour atteindre 6 862 dollars, selon Drewry. Là encore, c’est le taux le plus élevé depuis septembre 2022.
Ces hausses de tarifs sont également exacerbées par les problèmes de congestion dans les ports asiatiques. Drewry a déclaré qu’il « s’attend à ce que les tarifs de fret en provenance de Chine continuent d’augmenter la semaine prochaine en raison des problèmes de congestion dans les ports asiatiques ».
Impact sur le commerce mondial
Les effets de ces augmentations de coûts ne se limitent pas aux entreprises maritimes. Tout le commerce mondial ressent les répercussions de ces retards et hausses de prix. Les transporteurs de gaz naturel liquéfié, un carburant clé pour le chauffage et les centrales électriques, ont également dû modifier leurs itinéraires, souvent à un coût plus élevé. La plupart des pétroliers de GNL ont dû contourner le Cap de Bonne-Espérance plutôt que de traverser le canal de Suez, où les tensions augmentées ont engendré des perturbations supplémentaires.
La congestion accrue et les coûts élevés de transport affectent également directement les consommateurs. Les marchandises prennent plus de temps à arriver à destination, et les coûts de transport plus élevés sont souvent répercutés sur les prix de vente des produits, entraînant une pression inflationniste supplémentaire sur les économies locales.
Solutions potentielles et adaptations
Pour atténuer ces perturbations, des mesures ont été prises pour améliorer la gestion de la capacité et optimiser les itinéraires de navigation. L’utilisation de technologies avancées pour prévoir et atténuer les congestions portuaires est devenue cruciale. Des initiatives telles que la numérisation complète des processus logistiques, l’optimisation des horaires d’accostage et l’augmentation des capacités de stockage temporaire dans les ports sont parmi les solutions explorées.
Les entreprises maritimes envisagent également de diversifier leurs itinéraires, en cherchant des alternatives plus stables même si elles sont plus longues, pour éviter les zones de conflit. Cette adaptation est essentielle pour maintenir la fluidité des chaînes d’approvisionnement mondiales et minimiser les interruptions du commerce international.
Les solutions à long terme nécessiteront une coopération internationale et des investissements importants dans les infrastructures portuaires et les technologies vertes. L’objectif est de créer un réseau de transport maritime plus résilient et adaptable, capable de répondre efficacement aux défis actuels et futurs posés par les conditions climatiques extrêmes et les tensions géopolitiques.