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L’avenir des entrepôts zéro émission : vers une logistique carbone neutre d’ici 2030

L’avenir des entrepôts zéro émission : vers une logistique carbone neutre d’ici 2030

by Romuald

La transition énergétique des entrepôts logistiques : un enjeu stratégique pour 2030

Dans un contexte de pression réglementaire croissante et de prise de conscience environnementale accrue, les entrepôts zéro émission deviennent une nécessité pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par l’Union européenne à l’horizon 2050. La logistique, secteur gourmand en énergie et fortement émetteur de gaz à effet de serre (GES), représente près de 14 % des émissions mondiales selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE). La transformation vers une logistique carbone neutre d’ici 2030 passe par une mutation structurelle des plateformes logistiques, allant de la conception des bâtiments à l’optimisation des processus de distribution.

Définition d’un entrepôt zéro émission et enjeux liés

Un entrepôt zéro émission est un site logistique conçu et opéré de manière à ne générer aucune émission nette de CO₂ ou d’autres gaz à effet de serre. Cela implique l’association de plusieurs leviers technologiques et organisationnels : efficacité énergétique, production d’énergie renouvelable, mobilité propre, construction bas carbone, mais aussi compensation carbone lorsque nécessaire.

Les motivations pour investir dans cette transition sont multiples :

  • Respect de la réglementation : avec la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD), les bâtiments tertiaires, y compris les entrepôts, devront réduire significativement leur consommation à partir de 2025.
  • Réduction des coûts d’exploitation : un entrepôt conçu pour consommer moins engendre des économies significatives sur le long terme.
  • Valorisation de l’image de marque : dans un contexte de RSE de plus en plus scruté, disposer d’une infrastructure durable est un atout commercial.
  • Attente des clients : les donneurs d’ordre exigent de leurs prestataires logistiques des engagements concrets en matière de durabilité.

Conception durable des bâtiments logistiques : matériaux et certifications

La stratégie vers un entrepôt écologique zéro émission commence dès la phase de construction. Il s’agit de privilégier des matériaux biosourcés ou recyclés, de limiter les bétons fortement carbonés et d’intégrer des technologies passives pour la gestion de la chaleur ou de la lumière naturelle. L’architecture bioclimatique, combinée à une isolation performante, permet de réduire les besoins en chauffage ou en rafraîchissement.

La certification devient le standard pour reconnaître l’engagement durable d’un bâtiment logistique :

  • BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method), particulièrement utilisée en Europe.
  • LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), plus courante en Amérique du Nord.
  • HQE (Haute Qualité Environnementale), spécificité française qui évalue l’impact global du projet sur l’environnement et la santé.

En France, selon Cushman & Wakefield, 30 % des nouveaux entrepôts construits en 2022 avaient déjà une certification environnementale. Ce chiffre devrait dépasser les 50 % d’ici 2025 avec une forte augmentation des projets à ambition zéro carbone.

Énergies renouvelables et autonomie énergétique des entrepôts

Intégrer la production d’énergie renouvelable sur site est un axe majeur pour un entrepôt zéro émission. Les centrales photovoltaïques en toiture, les pompes à chaleur ou encore le stockage d’énergie par batteries deviennent des équipements de base.

L’objectif est double :

  • Réduire la dépendance aux énergies fossiles.
  • Créer un modèle d’entrepôt à énergie positive capable de réinjecter le surplus dans le réseau ou l’utiliser pour la recharge de véhicules électriques.

Selon l’ADEME, une toiture logistique française moyenne (40 000 m²) peut produire jusqu’à 5 MWc d’électricité solaire, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 1 000 foyers. De plus en plus d’acteurs optent pour l’autoconsommation collective, en lien avec les besoins des véhicules électriques et des installations voisines.

Décarbonation de la logistique urbaine et dernier kilomètre

L’impact carbone des entrepôts ne se limite pas à leurs infrastructures, mais concerne aussi les flux logistiques qu’ils génèrent. La décarbonation du transport est donc un volet crucial de cette transition. D’ici 2030, selon Transport & Environment, 50 % du transport urbain pourrait être réalisé par des véhicules utilitaires électriques ou hydrogène zéro émission.

Les entrepôts zéro émission doivent intégrer des infrastructures adaptées au déploiement de ces solutions :

  • Bornes de recharge pour véhicules électriques.
  • Stations d’hydrogène vert.
  • Optimisation des tournées de livraison grâce à l’intelligence artificielle et au big data.

Les hubs logistiques urbains, installés à proximité des zones de livraison, permettent également de regrouper les flux et de mutualiser les moyens de transport zéro émission.

Digitalisation et gestion intelligente de l’énergie dans les entrepôts

Les technologies numériques sont des leviers essentiels pour atteindre la neutralité carbone en logistique. Grâce à la gestion technique centralisée (GTC) et à l’Internet des objets (IoT), les exploitants peuvent maîtriser en temps réel la consommation énergétique des équipements (éclairage, ventilation, froid, etc.).

Le jumeau numérique permet de simuler différents scénarios d’optimisation énergétique, tandis que l’intelligence artificielle anticipe les pics de consommation et ajuste le fonctionnement des installations en conséquence. Ces outils contribuent à des réductions d’émissions allant jusqu’à 30 % selon Schneider Electric, lorsqu’ils sont intégrés dans une stratégie globale de performance énergétique.

Investissements et retours sur investissement pour des plateformes neutres en carbone

La transition vers un entrepôt zéro émission implique des investissements importants, estimés entre 350 et 600 €/m² pour une infrastructure neuve ou rénovée selon les données du cabinet ARP Astrance. Les principaux postes d’investissements sont :

  • L’installation de capteurs photovoltaïques.
  • Le déploiement de systèmes HVAC (chauffage, ventilation, climatisation) à haut rendement.
  • La digitalisation du pilotage énergétique.
  • L’électrification de la flotte logistique.

Ces coûts sont cependant compensés par des économies d’énergie de 20 à 40 % en moyenne, une meilleure valorisation locative des actifs immobiliers et des subventions publiques (certificats d’économie d’énergie, aides de l’ADEME, tiers financement). À long terme, la rentabilité est avérée pour les exploitants comme pour les investisseurs.

Vers une généralisation des entrepôts bas carbone : perspectives à l’horizon 2030

La feuille de route vers la logistique décarbonée est désormais bien tracée. D’ici 2030, plusieurs pays européens, dont la France, ambitionnent d’imposer des standards minimums pour les entrepôts existants. Sur les 85 millions de m² d’entrepôts logistiques en France, près de 60 % devront être rénovés d’ici 2030 pour répondre aux normes énergétiques.

Des acteurs majeurs du secteur, comme Prologis, Goodman ou GSE, se sont engagés à atteindre des objectifs « net zero » dans les huit prochaines années, en misant sur le déploiement massif de structures vertes et intelligentes. L’implication conjointe des opérateurs logistiques, des investisseurs et des pouvoirs publics sera déterminante pour faire de l’entrepôt zéro émission la norme et non plus l’exception.

Dans un monde industriel en évolution rapide, la course à la neutralité carbone des infrastructures de stockage et de distribution n’est plus seulement une démarche éthique : elle est devenue une exigence économique, réglementaire et commerciale incontournable.

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